Écrire des poèmes – une de mes soupapes de sécurité en santé mentale

on February 12, 2020
Écrire des poèmes – une de mes soupapes de sécurité en santé mentale

Pour les personnes vivant avec un trouble bipolaire, comme toute autre personne d’ailleurs, il est crucial de trouver des moyens constructifs et positifs de passer son temps dans la journée. Pour plusieurs, cela peut consister à trouver un équilibre sain entre l’établissement et le développement de bonnes relations à la maison, au travail et dans le domaine social; ou faire de l’exercice régulièrement, maintenir une bonne alimentation, pratiquer un passe-temps gratifiant et adhérer à une saine vie spirituelle.

En tant qu’une personne qui vit maintenant bien avec un trouble de bipolarité, l’un de mes passe-temps les plus intéressants consiste à écrire des poèmes et des histoires. À ma grande surprise, cet intérêt a spontanément commencé à l’âge de 49 ans en octobre 1993. Devais-je considérer cette toute nouvelle activité comme un symptôme de ma crise de la cinquantaine? Avec le recul, je suis maintenant plus enclin à croire que mon nouvel intérêt était probablement un symptôme de mon hypomanie émergente.

Pendant cette période, plusieurs de mes écrits étaient décousus et désorganisés. Je me souviens de m’être souvent réveillé au milieu de la nuit et de me sentir obligé d’écrire à la grande consternation de mon ex-conjointe. Néanmoins, avec le temps et une pratique assidue, beaucoup de mes écrits créatifs au cours de cette période se sont révélés de meilleure qualité.

Pendant ces précieux moments créatifs, je suis en parfaite harmonie avec mon vrai moi, et ce sentiment apaisant de satisfaction personnelle alimente ma santé mentale et mes comportements pour le reste de la journée.

Depuis 1993, je n’ai pas pu écrire de poèmes ou d’histoires pendant seulement trois périodes: (1) lorsque j’ai vécu un grave épisode d’hypomanie au premier semestre de 1998; (2) lorsque j’ai succombé à un épisode maniaque aigu au cours du second semestre de 1998 qui a nécessité une hospitalisation psychiatrique de deux mois, et (3) pendant environ six mois après mon congé de l’hôpital. De plus, cela s’est également produit lorsque j’ai connu quelques phases de bloc d’écrivain normales. Lorsque ces phases se produisaient, je me tenais occupé à réviser mes manuscrits, à rassembler des recueils de poésie, à lire, à me reposer ou simplement à participer à des activités récréatives et sociales relaxantes. Et quand les jus créatifs recommencèrent à couler, il me semblait que je devenais plus discipliné dans la consécration de mon temps à ma passion.

Dieu merci, mon trouble bipolaire est bien contrôlé par les médicaments et mes saines habitudes de vie depuis 21 ans. J’ai maintenant 76 ans et j’ai pu continuer à rédiger des écrits créatifs comme je le souhaite. Depuis que j’ai commencé à écrire de la poésie, j’ai auto-publié trente et un recueils sur divers sujets tels que les sans-abri, les merveilles de Mère Nature, la valeur de la famille et de l’amitié, les défis de bien nourrir sa santé mentale, la valeur infinie de l’espoir pour n’en nommer que quelques-uns. J’ai également quatre autres recueils de poèmes en cours de réalisation en plus d’être en train d’écrire mon autobiographie.

Depuis mon enfance, j’ai toujours été un lève-tôt, régulièrement vers 5 heures du matin. Remarquez bien que je me couche aussi très tôt, entre 21 h et 21 h 30, et je dors habituellement aussi bien qu’un bébé. Même lorsque je me réveille au milieu de la nuit, je n’éprouve normalement aucune difficulté à me rendormir assez rapidement. Mais quand j’étais en train de vivre mes épisodes hypomaniaques et maniaques sévères, je dormais très peu.

Tôt le matin s’est toujours révélé être le moment le plus productif pour moi d’écrire de la poésie.

Je peux aussi le faire à d’autres moments de la journée, mais je ne semble pas être aussi bien concentré à ces moments-là. Ma première étape lorsque je m’engage à écrire un poème consiste généralement à trouver sur Facebook une photo d’une scène ou d’un autre sujet qui m’inspire. La deuxième étape consiste à trouver un titre reflétant l’essence de la photo. La troisième étape consiste à écrire le poème dans le style « acrostiche », mon style préféré. Dans cette poésie, les lettres du titre apparaissent au début de chaque verset. Cependant, dans mon cas, je m’assure également que les vers riment et qu’une forme émerge généralement une fois le poème terminé – deux étapes supplémentaires qui rendent l’écriture de ce genre de poème un peu plus complexe. Je partage ensuite le poème avec les personnes qui ont pris la photo et leur demande l’autorisation pour éventuellement l’inclure dans un de mes futurs recueils. Dans la grande majorité des cas, ces personnes apprécient le poème et acceptent l’inclusion de leur photo et poème dans l’un de mes futurs recueils.

Pour moi, écrire de la poésie, c’est comme « méditer en mouvement ou devenir très attentif à ce qui se passe dans mon être intérieur et mon environnement immédiat ». Cela me procure un état de calme et de tranquillité accru. Pendant ces précieux moments créatifs, je suis en parfaite harmonie avec mon vrai moi, et ce sentiment apaisant de satisfaction personnelle alimente ma santé mentale et mes comportements pour le reste de la journée. En toute humilité, je suis vraiment reconnaissant d’avoir reçu ce cadeau il y a déjà un bon nombre d’années et à cet égard, je considère que la rédaction régulière de poèmes est honnêtement l’une de mes soupapes de sécurité en santé mentale la plus positive.

Raymond D. Tremblay

 


(Paul Galipeau/lechampiondumonde.com)

(Credit: Paul Galipeau)

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